Chapitre I - Partie 5
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Tout devint flou. Enna se retrouva dans une prairie. Elle pouvait voir le village en bas en tout petit. Un vague souvenir monta en elle. La prairie où elle était ne lui était pas inconnue. Des moutons mangeaient de l’herbe tout autour d’elle. Elle entendit un cri. Elle se retourna et se vit en habit de bergère face à un loup près de la lisière du bois. Son double fouilla dans sa bourse et en sorti une pierre de Coadry. Le loup s’avança petit à petit, les moutons bêlaient de frayeur. Elle tendit la pierre et le loup, n’en tenant pas compte, continua d’avancer. Tout à coup, il se souleva du sol et alla bien haut dans le ciel. Enna fit le mouvement de jeter la pierre et le loup parti au loin dans la forêt en couinant. Les moutons bêlèrent de plus belle et se mirent sur deux pattes pour applaudir l’exploit. Il y en a même un qui fit un salto arrière. « Mais qu’est ce que c’est ces moutons ? » pensa Enna.
Le décor s’évanouit et cette fois ci, elle se trouva près de l’étang. Son double était dans le buisson, le centaure derrière elle, sa bourse de pierre était à sa ceinture, des gardes arrivèrent accompagnés d’un centaure civilisé et un homme luxueux à cheval. Enna le connaissait, à sa vue, une haine monta en elle. Elle eut du mal à respirer. Son regard était fixe, elle ne le quittait pas des yeux. Il parla au centaure, elle ne comprit pas ce qu’il dit. Quelque chose bouillonnait en elle mais elle ne comprenait pas pourquoi. Un mot, un nom plutôt, vint à son esprit. Elle perdit le contrôle et hurla Himmel sans s’en empêcher. Bien évidemment, personne n’entendit. Elle était furieuse contre lui. Pourquoi… ? Tout se troubla encore une fois.
Elle se réveilla dans la chaumière. Le soleil se couchait au dehors. Elle se retourna et vit Ecken près de la cheminée. Erde n’était pas là. Le jeune homme préparait quelque chose. Il s’approcha d’elle un verre à la main. Enna craignait ce que c’était. Elle avait chaud, elle était fatiguée. Il lui prit le menton pour la faire boire mais elle le repoussa et le gobelet tomba par terre. Ecken râla, à la limite du cri et s’en retourna près de la cheminée pour remplir le gobelet. Il était complètement paniqué. Il parlait tout seul et le gobelet avait du mal à tenir dans sa main tellement il tremblait. Enna ne le voyait presque pas. Tout était flou autour d’elle. Ecken revint. Elle murmura un « non » très faible et Ecken lui répondit d’un ton de reproche de se taire et que tout était de sa faute. Elle n’était pas sûre qu’il s’adressait vraiment à elle. Il l’empoigna avec une certaine brusquerie. Enna se débattit. Elle était fatiguée, elle ne voulait pas encore subir des souvenirs, elle voulait juste dormir, elle voulait…Erde. Où était-il ? Elle n’avait pas confiance en l’autre. Elle réussit à le repousser et se glissa par terre pour s’échapper de son emprise. Il posa le verre et la souleva sans aucune difficulté pour la ramener sur le lit. Il la prit par les épaules. Il la secoua violemment, la gifla même. Il parlait de plus en plus vite, elle ne comprenait pas, il ne se contrôlait plus. Il la prit par le cou et serra très forte, Enna avait très peur. Il lui versa le cappapetta dans la bouche, elle ne résista pas. Trop fatiguée. Le froid l’enveloppa et Ecken lui mit dans la main la plume d’oiseau. Rien ne se produisit. Ecken s’était assis à la table et il était près à écrire mais Enna ne ressentit rien. Il se tourna vers elle, le regard toujours affolé. Il lui arracha la plume des mains marmonnant des « pourquoi ça ne marche pas ? » et le remplaça par le glaive. Elle eut comme un coup violent au ventre au contact de l’objet, elle se sentit tomber sur le lit et le noir se fit autour d’elle.
Un bruit de fond vint chatouiller les oreilles d’Enna. Elle perçut des couleurs, des mouvements au loin. Elle était plongée dans le noir. Où était-elle ? Elle ne savait pas. Le tourbillon de lumière s’approcha d’elle et l’immergea ; des sons, des images défilèrent à toute vitesse. Des visages, des rires, des pleurs, des cris défilèrent à toute vitesse. Et là, elle comprit. Elle se souvint de tout. Toute sa vie défila devant ses yeux, de sa naissance jusqu’au moment fatidique.
Suite : Chapitre II - Partie 1